Témoignages :
« Avant d’arriver ici, j’avais besoin de toucher le fond. A 14 ans, je dormais dans la rue et je me prostitué pour payer ma coc. Un jeu symbolique avec la mort, une routine de souffrance. Dans la rue pour une jeune fille c’est égal à des violences sexuelles régulièrement. La confusion qui règne au milieu de ma vie. Un jour, je me réveille à l’hôpital ou on me dit « on va prendre soin de toi », des mots forts pour moi. Puis une dame de la protection de l’enfance vient me rendre visite dans ma chambre et m’explique qu’elle va « prendre soin de moi ». J’étais méfiante puis j’ai vu son acharnement à m’aider, une rare personne. Son engagement dans l’accompagnement de cette aventure, son écoute, son encouragement mais aussi son rappelle au cadre. Elle me propose un séjour de rupture, l’expérience de « rupture » à ma sortie m’effrayer vraiment. J’ai toujours été exclu, toute ma vie, aucun amour, aucun sentiment par personne. Intérieurement je ne suis vraiment pas bien, tout le monde s’en fou alors pourquoi une personne va « prendre soin de moi ? ». On m’explique que ce séjour va être un moment de renversement dans ma vie, un endroit d’apaisement, une alternative au placement. On m’explique que ma fragilité et ma vulnérabilité ne sont absolument pas compatible avec un placement en collectivité. Un endroit que je vais découvrir et me retrouver. J’arrive dans la ferme et on m’explique rapidement que l’on va faire de ma fragilité une force, on va rétablir le schéma et mettre un therme à l’échec. L’esprit des activités ici repose sur la conviction que rien n’est jamais perdu dans une existence, même si les conditions actuelles sont encore difficiles. Dés mon arrivée, je me suis senti totalement perdu au milieu de cette campagne avec pas de bruit, pas de bus, pas de centre commerciaux, pas de gare, je perds tous mes repères mais heureusement qu’il y a des animaux qui adorent les câlins, c’est un vrai refuge pour moi. Les ateliers cuisine sont un moment que j’apprécie, des moments d’échanges avec les autres, moi qui avait l’habitude d’ouvrir une boîte de conserve pour manger, parfois froide, je découvre et j’apprends à me nourrir correctement, je choisis même mes légumes dans le jardin ou sur les marchés, majoritairement je ne connais presque aucun légume. L’enjeu du programme : me permettre de lâcher cette identité de « délinquante » ou de « pute » pour construire ma vrai personnalité et d’avoir un discours autre que ordurier, avec un travail mis en place, au fil des ateliers. Ce qui me rassure au début, c’est que j’ai le choix de rester ou de partir, je dois me sentir à l’aise, ce qui m’a permis de découvrir, plus sereinement, les lieux, les ateliers et l’équipe avant de m’engager totalement dans ce projet. Après je me suis engagé à me lever le matin, avec une participation au chantier éducatif. Tantôt dehors pour prendre soin des animaux, ou le potager, ou divers réparation des enclos ou des ateliers de médiation animal ou l’équithérapie ou tantôt à l’intérieur en cuisine, ou en atelier hypno ou sophro ou devoirs d’école, majoritairement des activités pour dépasser mes limites ou les connaitre. A travers des simples tâches proposées, j’ai développé sans m’en rendre compte des savoirs être transférables à l’insertion professionnelle avec la ponctualité, la persévérance, la capacité à comprendre les consignes, accepter les critiques pour une remise en question, le respect des animaux pour le respect d’autrui. L’équipe est exigeante et bienveillante en même temps et je découvre des capacités ignorées. Mes compétences sportifs proposés m’ont fait déployés des forces que je ne connaissais pas. Au fil du temps, j’ai aussi acquis les codes sociaux qui me manquaient pour devenir la femme que je suis. J’ai lutter avec mes démons, il y a eu des débordements d’émotions, de crises, d’angoisses, de doutes mais l’équipe n’a jamais baisser les bras. Semaine après semaine, l’affect avec la relations éducative a été complètement assumé parce que mis au travail grâce à la triangulation de l’équipe et aux ateliers mis en place, j’ai déposé mon vécu et ce qu’il y avait dans mon cœur entre leurs mains et aujourd’hui, je veux devenir éducatrice, je veux aider les autres enfants comme on est venu à mon aide. Même partie aujourd’hui, je sais que je peux revenir en cas de coup dur, je sais qu’ils seront toujours présent pour me refaire un motivation. Merci pour votre travail» A.